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poussé, à moins que nous n’en soyons empêchés par l’espoir des fruits qu’ils promettraient. Ensuite nous sèmerons de la vesce mêlée avec de la graine de foin. A cet effet, nous aurons brisé les mottes avec le sarcloir, aplani le terrain en y faisant passer la herse, et tellement égrené les grumeaux qu’en tournant cet instrument amasse au bout des sillons, qu’il ne puisse s’y trouver d’obstacle au fer de la faux. Quant à la vesce, il ne faut pas la couper avant sa maturité parfaite, pour qu’elle puisse jeter une partie de sa graine sur le sol. C’est alors qu’il faudra faucher, lier en bottes et enlever le fourrage coupé ; puis arroser, lorsqu’on a de l’eau à sa proximité, si toutefois la terre est compacte ; car, en terre meuble, il n’est pas bon d’amener beaucoup d’eau avant que le sol ne soit affermi et consolidé par l’herbe, parce que l’eau dans la rapidité de son cours délaye la terre, et mettant les racines à nu, les empêche de se nourrir. C’est par un motif semblable qu’il ne faut pas introduire les troupeaux dans les prés nouveaux et faciles à défoncer, mais se borner à en faucher l’herbe dès qu’elle aura atteint une certaine hauteur ; car, ainsi que je l’ai dit, les bestiaux enfoncent la corne de leurs pieds dans la terre molle, et ne permettent pas aux racines qu’ils brisent de s’étendre et de s’affermir. Pourtant, l’année suivante, nous permettons au petit bétail d’y entrer après l’enlèvement du foin, pourvu que le sol soit assez sec et d’une nature telle qu’il n’ait pas à en souffrir. Enfin, à la troisième année, lorsque le pré sera devenu plus solide et plus ferme, il pourra recevoir les grands bestiaux. En général, on aura soin, lorsque le favonius commence à souffler, au mois de février, vers les ides, de répandre sur les lieux maigres, et surtout s’ils sont élevés, du fumier mêlé avec de la graine de foin ; car les coteaux fournissent assez d’engrais aux terrains inférieurs : les pluies, ou les ruisseaux qu’on y a ménagés entraînant