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qui ne paraissent qu’au solstice. Nous ne voulons pas, non plus, que le porc aille y chercher sa pâture, parce que, de son groin, il fouille et arrache les gazons ; ni que les grands bestiaux s’y introduisent, à moins que le sol ne soit très sec, parce qu’ils y enfoncent les pieds, écrasent et brisent les racines de l’herbe. Ensuite, au mois de février, pendant que la lune est dans son croissant, il faut, avec du fumier, venir au secours des terrains maigres et inclinés. On doit ramasser toutes les pierres et les porter ailleurs, ainsi que tout ce qui peut faire obstacle à la faux, et n’exploiter le terrain, suivant sa nature, que plus tôt ou plus tard. Il y a aussi certains prés qui, à la longue, se couvrent d’une mousse vieillie et touffue, auxquels les cultivateurs remédient ordinairement en y semant des graines balayées dans les fenils, ou en y répandant du fumier : pratiques qui, ni l’une ni l’autre, ne produisent un aussi bon effet que la cendre fréquemment employée : cette substance tue la mousse. Toutefois ces remèdes n’agissent que très lentement, et le seul qui soit tout à fait efficace, est de labourer la place en entier. Voilà ce que nous devons faire pour les prés qui étaient tout formés avant de devenir notre propriété ; quant à ceux que nous voulons créer, ou dont nous désirons rajeunir la vieillesse (car, je le répète, beaucoup n’ont vieilli et ne sont devenus stériles que par négligence), il est à propos de les labourer pour en tirer une récolte de blé, parce qu’une telle terre, après un long repos, produit une abondante moisson. En conséquence, le terrain dont nous voulons faire un pré sera d’abord soumis en été à un premier labour, puis à plusieurs autres pendant l’automne ; et alors nous y sèmerons des raves, des navets ou même des fèves ; l’année suivante, du froment. La troisième année, nous le labourerons avec soin et nous extirperons à fond toutes les herbes trop fortes, les ronces, et les arbres qui y auront