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peut seul laisser croître l’herbe parmi les plantes quil a semées ; car le défaut de sarclage diminue beaucoup les produits. Il n’est donc pas d’un sage cultivateur de s’occuper de la nourriture des bestiaux plus que de la nourriture des hommes, quand surtout il peut pourvoir au fourrage par la culture de ses prés. Je suis tellement partisan du sarclage des fèves, que je crois qu’on doit le pratiquer à trois reprises ; car nous avons remarqué que non seulement alors leur fruit est plus abondant, mais que les gousses forment un si petit volume que, battus et dépouillés de leurs cosses, ses grains remplissent presque autant le modius qu’avant cette préparation : ce qu’on a jeté diminuant à peine la mesure. Enfin, comme nous l’avons dit, le sarclage d’hiver est très avantageux quand on le fait par un jour serein et sec, après le solstice, au mois de janvier, s’il ne gèle pas. Au surplus, il doit s’exécuter de manière à ne point blesser la racine des plantes, mais à les rechausser et à les butter, afin qu’elles tallent plus au large. Il est avantageux d’arriver à ce but par le premier sarclage : ainsi dirigé, le second serait préjudiciable, parce que, parvenues à tout leur accroissement, les céréales qu’on rechausse alors cessent de pousser et pourrissent. On doit se borner alors à remuer le sol bien également, et procéder à ce travail dans les vingt jours qui suivent l’équinoxe du printemps, avant que les chalumeaux aient produit des noeuds, parce que plus tard il en résulterait un grand préjudice pour les grains, que ne tarderaient pas à faire périr la sécheresse et les chaleurs de l’été. Le sarclage terminé, il faut s’occuper d’arracher les mauvaises herbes, en s’abstenant toutefois de toucher aux céréales en fleur : ainsi ce sera avant ou peu de temps après la floraison, que cette opération devra être entreprise. Tous les blés et l’orge, enfin toute plante qui, en levant, n’offre pas deux cotylédons, jettent leur épi