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du mois de mars qu’il est le plus avantageux de les confier à la terre. Ils n’occasionnent pas au cultivateur une forte dépense, puisqu’il ne faut guère que quatre setiers pour ensemencer un jugère ; mais ils exigent un fréquent sarclage pour les débarrasser des herbes. Quand l’épi a paru, avant que la chaleur n’en détache les grains, on le cueille à la main, et on le serre après l’avoir suspendu au soleil pour le dessécher. Au moyen de cette précaution, ces céréales se conservent plus longtemps que toutes les autres. On fait avec le millet un pain qui, avant qu’il soit refroidi, peut être mangé sans dégoût. Le panis, pilé et dépouillé du son, fournit, ainsi que le millet, une bouillie qui, surtout lorsqu’on la fait avec du lait, n’est point à dédaigner en temps de disette.

Quel terrain convient à chaque légume.

X. Puisque nous avons prescrit au long ce qu’il convient de faire à l’égard des froments, traitons maintenant des légumes. Le premier qui doit fixer notre attention est le lupin, parce qu’il exige le moins de travail, qu’on l’achète à vil prix, et que de toutes les cultures il est la plus favorable au sol. En effet, il fournit un bon amendement aux vignes épuisées et aux champs labourés ; il réussit dans les terres fatiguées, et, déposé dans le grenier, il s’y conserve durant de longues années. Pendant l’hiver, donné cuit et macéré aux boeufs, il les nourrit très bien, et sert même, dans un temps de détresse, à apaiser la faim des hommes. On peut le semer au sortir de l’aire où il a été battu. Ainsi il est le seul de tous les légumes qui n’ait pas besoin du repos du grenier. C’est dans le mois de septembre, avant l’équinoxe, ou aussitôt après les calendes d’octobre, qu’on le sème sur les guérets d’un an ; et, de quelque manière qu’on le travaille, il ne souffre pas de la négligence du cultivateur.