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dans le cas contraire, une seule tige produisant plusieurs chalumeaux, d’une petite semaille on tire une abondante récolte. Entre autres choses, nous ne devons pas ignorer qu’il est nécessaire de répandre un cinquième de semence en plus dans un champ planté que dans celui qui est vide et découvert. Nous n’avons encore parlé que des semailles de l’automne : nous les regardons, en effet, comme les plus importantes ; mais il en est d’autres auxquelles la nécessité force quelquefois de recourir : les cultivateurs les appellent semailles trimestrielles. Elles conviennent parfaitement aux lieux exposés aux gelées et à la neige, où l’été est humide et sans chaleurs ; ailleurs, elles réussissent très rarement. Au reste, il y faut procéder avec célérité et avant l’équinoxe du printemps ; et, si l’état des lieux et du temps le permet, plus tôt on sèmera, plus il y aura d’avantage. Il n’y a pas, quoique plusieurs le croient, de grain qui pousse naturellement en trois mois, puisque ce même grain, jeté en terre dans l’automne, réussit toujours mieux. Néanmoins, pour ce genre d’ensemencement, quelques céréales sont préférables à d’autres, parce qu’elles supportent mieux la tiédeur du printemps : telles sont le siligo, l’orge galate, l’halicastrum, et la fève des Marses. Quant aux autres grains qui sont plus forts, ils doivent toujours, dans les pays tempérés, être mis en terre avant l’hiver. Le sol jette parfois une humidité salée et amère, poison funeste qui détruit les moissons déjà mûres, et transforme, pour ainsi dire, en aires les parties du champ dépouillées. Il faut noter par des marques les points dégarnis, afin qu’on puisse remédier au mal en temps convenable. En effet, là où l’humidité ou quelque autre fâcheux accident fait périr les grains semés, il faut répandre et enterrer à la charrue de la fiente