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La terre ne vieillit ni ne se fatigue, si on l’engraisse.

I. Vous me demandez, Publius Silvinus, et je ne refuse pas de vous en instruire sans retard, pourquoi, dans mon premier livre, dès le commencement, j’ai repoussé l’opinion de presque tous les anciens et rejeté le sentiment erroné de ceux qui pensent que, fatiguée et épuisée par l’action d’un âge si prolongé et par les travaux de tant de siècles, la terre est arrivée à la vieillesse. Je n’ignore pas que vous avez un grand respect pour l’autorité de tant d’illustres écrivains, et surtout de Tremellius, qui nous a laissé sur l’agriculture un grand nombre de préceptes aussi remarquables par l’élégance du style que par le savoir qu’ils révèlent, et qui, séduit évidemment par l’excès de son amour pour nos aïeux, a cru faussement que la terre, cette mère de toutes choses, accablée déjà par la vieillesse, était, comme les vieilles femmes, devenue inhabile à la génération. J’en conviendrais, si je ne voyais plus naître de productions nulle part. Or, la vieillesse humaine est constatée, non pas quand la femme cesse de mettre au monde trois ou deux enfants à la fois, mais quand elle ne peut plus donner aucune production. C’est pourquoi, passé le temps de la jeunesse, quand même une longue vie serait encore accordée à la femme, la faculté d’engendrer, que