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tout contre la porte, les doigts de Sarah perdirent tout pouvoir de contraction, et devinrent aussi énervés, aussi complètement inertes que si elle se fût évanouie. Le lourd paquet de clefs se déroba tout à coup à cette main dont l’étreinte s’était relâchée, tomba à côté d’elle sur le parquet, roula, par une des ouvertures que laissait béantes la rupture des rampes, sur les dalles du vestibule inférieur, avec un bruit qui réveilla les échos endormis… et les échos gémirent comme si, êtres sensibles, ils se tordaient dans les angoisses causées par ce bruit.

La retentissante chute des clefs, répercutée sous ces voûtes muettes, rendit instantanément à Sarah la conscience de ce qui se passait, et des périls que chaque minute lui faisait courir… Elle tressaillit, recula en chancelant, et porta les mains à sa tête par un mouvement insensé ; puis, après être demeurée ainsi quelques instants, elle s’élança vers le sommet de l’escalier, comptant descendre dans le vestibule pour y reprendre les clefs.

Elle n’avait pas fait trois pas, lorsqu’un cri aigu, un cri de femme, partit de la porte de communication ouverte à l’autre bout du vestibule. Ce cri se répéta par deux fois à des distances de plus en plus éloignées, et fut suivi d’un tumulte confus où l’on distinguait des voix et des pas qui se rapprochaient rapidement.

Sarah, chancelante et désespérée, fit encore quelques pas, et arriva jusqu’à la première des portes ouvrant sur le palier. Ici la nature épuisée lui refusa tout secours. Ses genoux fléchirent sous elle… Au même moment, cessant de respirer, de voir et d’entendre, elle tomba sans connaissance sur le parquet, au sommet de l’escalier.



CHAPITRE IV.

M. Munder, juge suprême.


Le murmure des voix et le bruit des pas précipités se rapprochaient de plus en plus ; puis ils cessèrent ensemble. Après un intervalle de silence, un bruyant appel retentit : « Sarah !… Sarah !… où êtes-vous ? » Et, l’instant d’après, l’oncle Joseph