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Mon dernier travail, à l’approche du soir, fut de me procurer « la Relation de la tombe funéraire », en prenant copie, avant qu’elle fût effacée, de l’inscription menteuse qui déshonorait encore la sépulture de famille.

Le jour vint, — le grand jour où Laura reparut dans cette salle à manger de Limmeridge-House que nous connaissions si bien. Toutes les personnes qui s’y trouvaient réunies se levèrent de leurs sièges, au moment où elle entra, conduite et soutenue par Marian et moi. Dans leurs rangs coururent, à l’aspect de son visage, un ébranlement de surprise, un murmure d’intérêt, que nos yeux et nos oreilles purent aisément saisir. M. Fairlie était présent (je l’avais formellement exigé), ayant à ses côtés M. Kyrle. Son valet de chambre se tenait derrière lui, d’une main tenant un flacon d’odeurs, de l’autre un mouchoir blanc, fortement imprégné d’eau de Cologne.

J’ouvris la procédure, en appelant M. Fairlie à dire publiquement si j’étais là de son aveu, et s’il sanctionnait expressément mes paroles. Il étendit ses bras vers M. Kyrle, et vers son valet de chambre, se souleva sur ses jambes avec leur secours, et ensuite s’exprima dans ces termes : « Permettez-moi de vous présenter M. Hartright. Je suis aussi peu valide que jamais ; il aura l’extrême obligeance de parler pour moi. Le sujet qu’il va traiter est terriblement ardu, veuillez lui prêter l’oreille ; et ne pas faire de bruit !… » À ces mots, il se laissa lentement retomber dans son fauteuil, et chercha refuge derrière son mouchoir parfumé.

Suivit la révélation du complot, lorsque j’eus présenté sous la forme la plus abrégée et la plus simple mes explications préliminaires. Je me trouvais là (dis-je à mes auditeurs) pour déclarer en premier lieu que ma femme, présentement assise à côté de moi, était la fille de M. Philip Fairlie ; en second lieu, pour établir, par ces faits positifs, que les funérailles auxquelles ils avaient fait cortège dans le cimetière de Limmeridge étaient celles d’une autre femme ; troisièmement enfin, pour leur rendre compte fort simplement de la manière dont tout cela s’était fait. Sans autre préface, je leur lus aussitôt le récit de la