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blissement de location situé à un quart de mille de Forest-Road. Le propriétaire se trouva être un homme parfaitement honnête et courtois. Lorsque je lui expliquai qu’une importante affaire de famille me forçait à lui demander d’examiner ses livres, afin d’établir une date que pouvait me fournir exactement l’authentique détail de ses affaires quotidiennes, il ne m’opposa aucune sorte d’objections. Le registre fut produit ; et là, sous la date du 26 juillet 1850, la commande avait été inscrite en ces termes :

« Un Brougham pour le comte Fosco, 5, Forest-Road. Deux heures. (John Owen.) »

En m’informant, j’appris que le nom de « John Owen » compris dans la commande, se rapportait à l’homme qui avait dû remplir l’office de cocher. Il travaillait, à ce moment même, dans la cour des écuries où sur ma demande, on alla le chercher.

— Vous souvenez-vous, lui demandai-je, d’avoir, au mois de juillet dernier, pris un gentleman au no 5, Forest-Road, pour le conduire à la station de Waterloo-Bridge ?

— Ma foi, monsieur, répliqua l’homme, je ne saurais trop vous le dire.

— Peut-être ce gentleman lui-même vous aura-t-il laissé un souvenir plus distinct ? Vous rappelez-vous avoir conduit, l’été dernier, un personnage de haute taille et remarquablement gras ?…

Le visage de cet homme s’éclaira aussitôt : — Je me le rappelle, monsieur. Le gentleman le plus gras que j’aie jamais vu : — la pratique la plus lourde que j’aie traînée. Oh ! oui, je me le rappelle, monsieur. Nous allâmes effectivement à la station, et c’est bien de Forest-Road que nous étions partis. Il y avait à la croisée un perroquet, ou quelque oiseau de ce genre, qui criait à déchirer les oreilles. Le gentleman était particulièrement pressé d’enlever les bagages de la dame qu’il allait prendre ; et il me donna une jolie gratification pour avoir eu l’œil au guet, et m’être procuré les malles sans trop de retard…

S’être procuré les malles ! Je me rappelai aussitôt qu’en me racontant son arrivée à Londres, Laura m’avait parlé