Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/789

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

porte, il s’arrêta et revint encore une fois vers moi.

— Un mot de plus, me dit-il en confidence… La dernière fois que j’ai vu miss Halcombe, elle m’a paru amaigrie et souffrante. Je ne suis pas sans inquiétude sur le compte de cette femme admirable. Prenez soin d’elle, monsieur ! La main sur mon cœur, je vous en supplie solennellement, prenez grand soin de miss Halcombe !…

Telles furent les dernières paroles que j’entendis de lui, avant qu’il n’insinuât péniblement son corps énorme dans le cabriolet, qui partit au grand trot.

L’agent et moi demeurâmes quelques instants sur la porte, le regardant s’éloigner. Comme nous étions là, debout à côté l’un de l’autre, un second cabriolet déboucha au tournant de la route, un peu au-dessus de nous. Il suivit la même direction que venait de prendre celui du comte, et, au moment où il défilait devant la porte du jardin restée ouverte, un individu placé à l’intérieur mit la tête à la portière pour nous examiner en passant. Encore l’inconnu de l’Opéra ! — l’étranger à la cicatrice.

Pendant une demi-heure encore, monsieur, vous avez à rester ici avec moi, dit M. Rubelle.

— En effet, lui répondis-je.

Et nous entrâmes dans le salon. Je n’étais pas d’humeur à causer avec l’agent, ni même à souffrir qu’il me parlât. Je pris donc les papiers que le comte avait déposés dans mes mains, et je lus la terrible histoire du complot, racontée par l’homme qui, après en avoir dressé le plan, en avait assuré l’exécution.