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échappée, et prévenir le mal qu’elle pourrait faire, en la cherchant moi-même dans le pays où on avait faussement prétendu qu’elle s’était montrée. Mais ces bagatelles et d’autres pareilles ne doivent avoir pour vous, auprès de ce que vous savez maintenant, que bien peu ou point d’intérêt.

Jusqu’à présent, c’est le plus amicalement du monde que j’ai voulu vous écrire. Mais je ne saurais clore ma lettre sans ajouter ici un mot de remontrance sérieuse, et même de reproche, directement à votre adresse.

Dans le cours de l’entrevue personnelle que vous avez eue avec moi, vous avez fait une audacieuse allusion à l’apparentage de ma défunte fille, du côté paternel, comme si cet apparentage pouvait faire l’effet d’un doute. Ceci était, de votre part, une haute inconvenance, et fort peu digne d’un gentleman. Si jamais nous sommes destinés à nous revoir, veuillez vous rappeler, je vous prie, que je ne permets à personne de se jouer de ma réputation, et que (pour me servir d’une expression familière à mon ami le recteur) « l’atmosphère morale de Welmingham ne doit être souillée par aucune espèce de conversation obscène. » Si vous vous permettez de douter que mon mari fût le père d’Anne Catherick, vous me faites, personnellement, l’insulte la plus grossière. Si vous avez jamais éprouvé, si vous éprouvez encore, à cet égard, une curiosité profane, laissez-moi vous recommander, dans votre propre intérêt, de la réfréner immédiatement et à jamais. De ce côté du tombeau, monsieur Hartright (quoiqu’il puisse advenir de l’autre), cette curiosité ne sera jamais satisfaite.

D’après ce que je viens de vous dire, peut-être regarderez-vous comme indispensable de m’adresser des excuses écrites. Faites-le ; je les recevrai volontiers. Ensuite, si vous désirez une seconde entrevue avec moi, je ferai un pas de plus, et je « vous » recevrai. Ma situation me permet seulement de vous inviter à prendre le thé, bien que, par ce qui vient d’arriver, elle n’ait empiré en aucune façon. J’ai toujours vécu, je crois vous l’avoir dit, en deçà des limites de mon revenu ; et j’ai assez écono-