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avait pas moins, cachés à tous les plis de ses manteaux de pourpre, à tous les coins de son splendide palais, des motifs de risée et de mépris.

En m’en allant je vins à songer, non pour la première fois, que, par la mort de sir Percival, tout espoir actuel d’établir l’identité de Laura se trouvait complètement anéanti. Avec lui avait disparu la chance sur laquelle se concentraient toute mon activité, toute ma foi dans l’avenir.

Ne pouvais-je donc envisager mon échec à un autre point de vue, celui-ci beaucoup plus exact ?

Supposons qu’il eût vécu, en quoi cette circonstance aurait-elle modifié la situation ? Même dans l’intérêt de Laura, du moment où j’avais constaté que le vol des droits d’autrui formait l’essence du crime de sir Percival, pouvais-je faire métier et marchandise de ma découverte ? Aurais-je pu lui offrir mon silence en échange de ses aveux relativement au complot, lorsque ce silence devait avoir pour effet de priver de ses biens l’héritier légitime, et du titre nobiliaire celui qui seul y avait droit ?… Non, cela n’était pas possible !… Sir Percival eût-il vécu, il ne m’aurait pas été permis de supprimer ou de révéler à mon gré, pour obtenir que justice fût rendue à Laura, cette découverte sur laquelle j’avais tant compté, quand j’ignorais encore la véritable nature du secret. Les notions les plus vulgaires du bon droit et de l’honneur m’auraient immédiatement contraint d’aller trouver l’étranger injustement privé des avantages de sa naissance, et il m’eût fallu renoncer à la victoire à peine gagnée, en mettant sans réserve entre les mains de cet étranger tout le bénéfice de ma découverte. Alors je me serais retrouvé de nouveau face à face avec toutes les difficultés qui me séparaient encore du but vers lequel je tendais uniquement, et tout à fait dans la même position où j’étais maintenant, bien déterminé à lutter contre elles jusqu’au bout.

Je revins à Welmingham, l’esprit plus tranquille ; je me sentais plus que jamais sûr de moi-même et de mon énergique résolution.