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et pas un, je vous le garantis, qui ne soit en même temps homme de loi.

— J’en conclus, alors, que M. Wansborough, le jeune, est avocat ?

— Sans doute, monsieur, sans doute ! avocat dans High Street, Knowlesbury ; … c’est là qu’était, avant sa naissance, le cabinet de son père. Que de fois je l’ai balayé, ce cabinet ; et que de fois j’ai vu le vieux gentleman trottant sur son poney blanc pour aller à ses affaires, regarder à droite et à gauche, tout le long de la route, saluant de la tête un chacun !… Ah ! mais, c’était un homme populaire… À Londres, voyez-vous, il aurait tout aussi bien réussi !

— Et combien y a-t-il d’ici à Knowlesbury ?

— Un fier ruban de queue, monsieur, dit le clerc avec cette notion exagérée des distances et ce vif sentiment des difficultés du voyage qui caractérisent les gens de province… Bien près de cinq milles…

L’après-midi était à peine entamée. J’avais donc tout le temps nécessaire pour pousser une pointe sur Knowlesbury et m’en revenir coucher à Welmingham ; or, il n’y avait probablement personne dans la ville de qui je pusse attendre plus d’assistance pour mes recherches sur le caractère et la position de la mère de sir Percival, antérieurement à son mariage avec sir Félix Glyde, que le « solicitor » de la localité. Décidé à partir immédiatement à pied pour Knowlesbury, je fus le premier à sortir de la sacristie.

— Bien des remerciements, monsieur, me dit le clerc, quand je glissai dans sa main mon petit cadeau. Est-ce que vous allez réellement faire à pied tout le chemin de Knowlesbury et retour ? Eh bien, vous avez de bonnes jambes, vous aussi, et c’est là un bonheur, n’est-il pas vrai ? Voici la route ; impossible de s’y égarer. Je voudrais bien aller du même côté… Dans un coin perdu comme celui-ci, on est aise de rencontrer des gentlemen de Londres : … au moins on sait les nouvelles… Je vous souhaite le bonjour, monsieur, et vous remercie encore une fois…