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tout autre, sa mauvaise femme, — ne doit probablement le revoir jamais.

— Qu’advint-il de sir Percival ? demandai-je. Est-ce qu’il demeura dans le pays ?

— Ah ! mais, non, monsieur ; il y faisait un peu trop chaud pour lui. On l’entendit, le soir même du jour où le scandale avait eu lieu, s’en expliquer très-vivement avec mistress Catherick ; et, le lendemain matin, il nous faussa compagnie.

— Et mistress Catherick, que devint-elle ? À coup sûr, elle ne demeura pas dans le village, parmi les gens qui l’avaient vue se perdre de réputation ?

— Si vraiment, monsieur ; elle était assez endurcie, elle avait le cœur assez cuirassé pour mettre hardiment au défi l’opinion de tous ses voisins. Elle déclara publiquement à tous, depuis le pasteur jusqu’au dernier des paroissiens, qu’elle était la victime d’une affreuse méprise, et que toutes les mauvaises langues de l’endroit ne l’en chasseraient pas comme si elle avait quelque chose à se reprocher. Elle a vécu au Vieux-Welmingham tout le temps que j’y suis restée moi-même ; et après mon départ, quand on se mit à bâtir la ville neuve, quand les honnêtes gens de l’endroit commencèrent à s’y transporter, elle alla s’y installer, elle aussi, comme bien résolue à rester des leurs et à les scandaliser jusqu’au bout. Elle y est encore, et y demeurera, malgré la réprobation des meilleurs d’entre eux, jusqu’au dernier jour de sa vie.

— Mais, pendant tout ce temps-là, demandai-je, quelles ont été ses ressources ? Son mari pouvait-il et voulait-il lui venir en aide ?

— Il le pouvait et le voulait, monsieur, répondit mistress Clements. Dans la seconde lettre qu’il écrivit à mon brave homme de mari, il disait qu’elle avait porté son nom, qu’elle habitait encore sous le toit qui les avait abrités tous deux, et que, toute pervertie qu’elle fût, elle ne devait pas mourir de faim comme une mendiante des rues. Il était en position de lui accorder une petite annuité, qu’il l’avisait de faire toucher à Londres, tous les