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ne s’attendait pas à rencontrer quelqu’un dans ce lieu, ajoutant, sans lui laisser le temps de répondre, que lui-même était là, porteur d’un message de lady Glyde ; mais il n’était pas tout à fait sûr que la personne, actuellement devant lui, répondît au signalement qui lui avait été donné pour reconnaître celle à qui le message devait être rendu.

Mistress Clements, immédiatement rassurée, lui confia l’objet de sa course, et le supplia de l’aider à calmer les inquiétudes qui dévoraient Anne, en lui transmettant le message dont il était chargé pour la pauvre malade. Le comte lui octroya sa requête immédiatement, et de la meilleure grâce du monde. « Le message, lui dit-il, était de la dernière importance. Lady Glyde suppliait Anne et son excellente amie de s’en retourner immédiatement à Londres, attendu que, selon elle, sir Percival ne saurait manquer de les découvrir, si elles demeuraient plus longtemps aux environs de Blackwater. Elle-même se rendrait à Londres, d’ici à peu de temps ; et si Anne ainsi que mistress Clements consentaient à l’y précéder, elles étaient certaines, en lui donnant leur adresse, d’entendre parler d’elle ou de la voir avant la quinzaine écoulée… » Le comte ajouta qu’il avait déjà essayé de donner un conseil d’ami à la jeune fugitive, mais que, s’effrayant de sa figure inconnue, elle ne l’avait pas laissé approcher assez pour qu’il pût lui adresser la parole.

Très-affligée, et au moins aussi alarmée, mistress Clements se représenta comme ne demandant pas mieux que de ramener Anne dans la capitale où elle serait, en effet, bien moins exposée ; mais, pour le moment, retenue dans son lit par la maladie, on ne pouvait songer à la transporter hors de ce voisinage, où elle courait tant de risques. Le comte s’informa si mistress Clements avait appelé quelque médecin, et apprenant que jusqu’alors elle avait hésité à le faire, par crainte de rendre public leur séjour dans le village, il lui apprit qu’il était lui-même un homme du métier, et se déclara prêt à revenir avec elle jusqu’à Sandon, au cas où cela lui serait agréable, afin de voir s’il n’y avait pas quelque chose à faire pour sou-