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position, et, de nouveau, Je fis appel à ses lumières… — N’est-il pas d’autres preuves que nous pourrions produire, lui demandai-je, indépendamment de celles qui établissent l’identité ?

— Pas dans votre situation particulière, me répondit-il. La plus simple et la plus certaine de toutes, la preuve par comparaison de dates, est, à ce que je comprends, hors de votre portée… Ah ! si vous pouviez démontrer que la date mentionnée dans le certificat du médecin, et la date du voyage de Lady Glyde à Londres sont en désaccord absolu, les choses prendraient un aspect tout à fait différent, et je serais le premier à vous dire : Marchons en avant !

— Cette date, monsieur Kyrle, pourrait bien encore se retrouver.

— Soit ; quand elle « sera » trouvée, monsieur Hartright, vous aurez alors ce que j’appelle une matière à procès. Si d’ores et déjà vous entrevoyez une perspective quelconque d’en arriver là… faites-la-moi connaître, et nous verrons si j’ai quelques conseils à vous donner…

Je me mis à réfléchir. La femme de charge ne pouvait nous fournir cette date ; Laura ne le pouvait pas non plus, et Marian pas davantage. Selon toute probabilité, les seules personnes, qui la connussent parfaitement, étaient sir Percival et le comte.

J’exprimai naïvement cette pensée, et alors, pour la première fois, la physionomie calme et attentive de M. Kyrle s’éclaira d’un léger sourire.

— D’après l’opinion que vous avez sur la conduite de ces deux gentlemen, me dit-il, vous ne vous attendez pas, je présume, à trouver de leur côté beaucoup d’appui ? S’ils se sont associés dans ce complot en vue d’un bénéfice considérable, il n’est pas à croire qu’ils veuillent bien avouer le fait.

— Non, mais ils peuvent être forcés à le reconnaître.

— Et par qui ?

— Par moi…

Nous nous levâmes en même temps et du même mouvement. Il me regardait au visage, laissant voir plus d’intérêt qu’il ne m’en avait encore témoigné. Je pus consta-