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stiné-je à fatiguer mes yeux échauffés, ma tête en feu, en continuant d’écrire ? pourquoi ne pas m’étendre et me reposer, afin de noyer dans le sommeil la fièvre qui me consume ?

Je n’ose pas. Une crainte qui domine toutes les autres, s’est emparée de moi. J’ai peur de cette chaleur qui dessèche ma peau. J’ai peur de ces battements, de ces douleurs sourdes et vagues, que je sens flotter dans ma tête. Venant à me coucher, maintenant, qui sait si j’aurais la volonté, la force de me relever jamais ?

Oh ! cette pluie, cette pluie, — cette cruelle pluie, qui, la nuit dernière, m’a glacé le sang !…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Neuf heures. — Est-ce neuf heures ou huit qui viennent de sonner ? Neuf, bien certainement ? Me voici encore frissonnant, frissonnant de la tête aux pieds, dans cette tiède atmosphère d’été. Est-ce que je suis restée ici à dormir ?… Je ne sais réellement pas ce que je fais ! Oh ! mon Dieu ! vais-je donc tomber malade ?

Malade, en un moment comme celui-ci !

Ma tête… J’ai réellement bien peur pour ma tête… Je puis encore écrire, mais les lignes se brouillent sous mes yeux. Je vois pourtant les mots. Laura, — je puis écrire « Laura », et me rendre compte que je l’écris. Huit heures ou neuf ?… quelle heure vient de sonner ?

J’ai si froid, si froid ! — Oh ! cette pluie de la nuit dernière ! — Et les coups de l’horloge, ces coups que je n’ai pu compter, ils continuent à sonner dans ma tête.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

NOTE.

(En cet endroit, le paragraphe du « Journal » cesse d’être lisible. Les deux ou trois lignes qui suivent ne renferment plus que des fragments de mots, mêlés à des taches d’encre et à des traits de plume désordonnés. Les dernières marques laissées sur le papier ont une vague ressem-