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more ; vous savez qu’il nous a promis son aide en toute difficulté qui pourrait survenir. Si peu versée que je puisse être dans la connaissance des lois, je suis certaine qu’elles doivent protéger une femme contre des traitements comme ceux que ce misérable nous a infligés aujourd’hui. Je n’entrerai dans aucun des détails relatifs à cette Anne Catherick, parce que je n’ai pas de renseignements certains à donner. Mais l’avocat saura que votre bras a été brutalement froissé ; il saura que, dans cette chambre même, vous avez été indignement violentée… Avant que je m’endorme, ce soir, ma révélation sera partie.

— Songez, Marian, à l’éclat que vous allez faire !

— Cet éclat même, selon moi, doit nous servir. Sir Percival doit le redouter bien autrement que vous. La perspective d’un éclat, plus que toute autre chose, peut l’amener à composition…

À ces mots je me levais ; mais Laura me supplia de ne point la quitter.

— Vous le pousserez au désespoir, me disait-elle, et vous décuplerez nos périls…

Je sentais la vérité, — la décourageante vérité, — de ces sages paroles. Mais je ne pus me résoudre à en convenir vis-à-vis de ma sœur. Dans la position redoutable où nous étions placées, il n’y avait pour nous de ressources et d’espérances qu’à risquer les plus grands malheurs. Tout en mesurant mes termes, je le lui dis. Elle accueillit ma déclaration par un soupir amer, mais sans engager là-dessus aucune discussion. Elle s’informa seulement de la seconde lettre que je voulais écrire ; elle désirait savoir à qui cette lettre devait être adressée.

— À M. Fairlie, lui répondis-je : votre oncle est votre plus proche parent, et le chef de la famille. Il doit intervenir, il faut qu’il intervienne…

Laura secoua la tête assez tristement.

— Je sais, je sais, continuai-je : votre oncle est un homme du monde, faible, égoïste, calculateur. Mais ce n’est pas, après tout, un sir Percival Glyde ; il n’a pas