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prisonnier devant ses juges plutôt qu’à un gentleman au milieu des membres de sa maison.

— Signez là ! répéta-t-il, se tournant tout à coup du côté de Laura, et lui désignant du doigt un des endroits marqués sur le parchemin.

— Qu’ai-je donc à signer ? demanda-t-elle avec calme.

— Je n’ai guère le temps de vous l’expliquer, lui répondit-il. Le « dog-cart » est devant la porte, et il faut que je parte sans retard. D’ailleurs, le temps ne me manquât-il pas, vous ne sauriez comprendre. C’est un document de pure forme, — rempli de termes techniques, de clauses légales, comme le sont ces machines-là… Allons ! voyons ! votre nom, je vous prie, et finissons-en le plus tôt possible !

— En vérité, sir Percival, avant de placer là mon nom, je devrais bien savoir ce que je signe.

— Allons donc ! en quoi ces affaires-là regardent-elles les femmes ?… Je vous affirme que vous ne comprendriez pas.

— Laissez-moi essayer, du moins. Quand M. Gilmore avait quelque chose à faire pour moi, il commençait toujours par me l’expliquer, et jamais je ne l’ai trouvé inintelligible.

— Il vous l’expliquait ?… Je le crois parbleu bien !… comme votre agent, c’était son devoir. Je suis votre mari, moi, et ce n’est pas le mien… Comptez-vous me garder encore ici longtemps ?… Je vous répète que nous n’avons le loisir de rien lire : le « dog-cart » m’attend à la porte… Une fois pour toutes, signerez-vous, oui ou non !…

Elle tenait encore la plume ; mais elle ne fit aucun mouvement qui annonçât l’intention d’apposer son nom au bas de l’acte.

— Si cette signature doit me faire contracter une obligation quelconque, dit-elle, j’ai bien quelque droit, ce me semble, de savoir à quoi je m’oblige ?…

Son mari souleva le parchemin, et frappa la table pur un geste irrité.

— Soyons francs, dit-il, vous avez toujours eu la réputation d’être sincère. Ne tenez compte ni de miss