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Je crois pouvoir affirmer que le mari de ma sœur n’aura point à se plaindre de moi, si je marche dans la voie où je suis. Je l’ai déjà reconnu beau garçon, agréable causeur, sympathique aux malheureux, affectueusement bon à mon égard. En vérité ! c’est tout au plus si je me reconnais, dans ce rôle, si nouveau pour moi, d’amie dévouée à sir Percival.

« 20 décembre. » — Je déteste sir Percival ! je donne un démenti formel à ses airs de bonté. Je le considère comme parfaitement désagréable et de méchante humeur, et complètement étranger aux bons sentiments, aux ménagements délicats. Hier soir, nous arrivèrent les cartes destinées aux nouveaux mariés. Laura ouvrit le paquet, et, pour la première fois, lut gravé le nom qui va devenir le sien. Sir Percival, par dessus l’épaule de ma sœur, jeta un coup d’œil sur cette carte nouvelle qui, de miss Fairlie, a déjà fait, par avance, « lady Glyde », — puis il sourit avec une satisfaction d’égoïsme, — et murmura quelques mots à l’oreille de sa fiancée. Ce qu’il lui disait ainsi, je l’ignore, — Laura s’est refusée à me le répéter, — mais je la vis devenir tout à coup tellement pâle, que je la crus sur le point de s’évanouir. Lui ne prit seulement pas garde à cette subite altération : il semblait ne pas se douter, le barbare, que ses paroles eussent pu la peiner. Toutes mes animosités passées revécurent à l’instant même ; et les heures écoulées depuis ce moment ne les ont dissipées en rien. Je suis plus déraisonnable et plus injuste que jamais. En trois mots, — et comme ils coulent naturellement de ma plume ! — en trois mots, « je le déteste !… »

« 21 décembre. » — Est-ce que les anxiétés de ces temps d’épreuves m’ont un peu ébranlée ? Depuis quelques jours, j’écris ces impressions sur un ton léger, qui, Dieu le sait, rend bien mal ce qui se passe au fond de mon cœur, et qui, lorsque je relis mon « Journal », me semble une nouveauté blessante.

Peut-être ai-je subi la contagion de cette fièvre d’esprit qui, toute la semaine dernière, a semblé agiter Laura. S’il