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toute préoccupée de mener à joyeuse fin leur projet commun.

Emeline, passant négligemment sa main potelée dans les frisures crêpées de ses cheveux châtain-clair, se jeta comme avec abandon sur une causeuse, et, avec un demi-sourire de piquante curiosité que ses lèvres ne pouvaient comprimer, elle posa comme une personne qui appelle à son aide du naturel et du sérieux à la fois.

Madame Dalbon (c’était le nom d’épouse d’Emeline) avait à peine préparé de la sorte la réception du visiteur qu’elle attendait, qu’une soubrette, à l’œil intelligent et malin, ouvrit la porte de la chambre, et annonça M. Alphonse La Fresnaie.

C’était lui, c’était en effet le patient contre lequel nos deux jeunes folles avaient conspiré. À n’en juger que par sa physionomie extérieure et sa construction avortée, madame Dalbon l’avait en vérité bien défini par l’expression de magot qu’elle avait employée en parlant de lui. Une taille courte sur de longues et menues jambes, des épaules plus que hautes, un visage amaigri et déprimé qui laissait une libre saillie aux pommettes de ses joues ; des lèvres inégalement relevées vers leurs extrémités et qui trahissaient les caustiques habitudes de son esprit ; des cheveux d’un blond plus qu’ardent : voilà quelle conformation peu sédui-