Page:Collectif - Lausanne à travers les âges, 1906.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
LAUSANNE À TRAVERS LES ÂGES

un homme éminent, Jean-Pierre de Loys, et lui adjoignirent quatre régents de choix ; grâce à leurs efforts dévoués, l’instruction et, avec elle, la civilisation et l’aisance pénétrèrent dans les hameaux reculés du Jorat.

Ce fut dans ces circonstances qu’un héros se leva au milieu du peuple vaudois
Gargouilles de l’Hôtel de ville (1698).
et chercha à le tirer de son apathie. Sans les consulter au préalable, le major Davel revendiqua, au nom de ses compatriotes, une indépendance dont ceux-ci ne semblaient pas sentir le prix. Après s’être distingué sur maint champ de bataille, et en dernier lieu dans la campagne de Villmergen, il se crut investi d’une mission de la Providence. À l’âge de soixante-trois ans, après avoir longtemps médité son projet, après s’y être préparé par la prière et par le jeûne, il convoque, sous le prétexte d’une revue, les trois compagnies de son bataillon, pour le 31 mars, sur la place d’armes de Cully. De là, il marche sur Lausanne, il entre dans la ville enseignes déployées, au son des fifres et des tambours, se rend à l’hôtel de ville et demande une audience au Deux-Cents, lit un manifeste, qui était une critique serrée et pleine de jugement, du régime bernois, et expose son plan pour arriver à l’émancipation du pays de Vaud. Pris à l’improviste, les membres du Conseil donnent des quartiers à sa troupe et réussissent à l’en isoler. Le 1er  avril 1723, Davel est arrêté et dénoncé à LL. EE. La cour criminelle, où siégeaient les propriétaires de la rue de Bourg, appelée à le juger, le condamna à mort ; il périt sur l’échafaud de Vidy le 24 avril 1723. Un monument, érigé en 1898, marque la place où il fut exécuté. Un autre monument, plus important, lui a été élevé également, en 1898, sur la place du Château. Davel mourut en héros. Avant de livrer sa tête au bourreau, il adressa une touchante exhortation à la foule assemblée sur le lieu de son supplice. La révolution tentée par Davel était prématurée ; le peuple n’y était pas préparé. Pour juger équitablement les magistrats qui refusèrent de le suivre, il faut se replacer dans leur milieu. On a reproché à Davel