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— LE LIVRE DES FEMMES. —

lança sur le pont, tenant sa fille avec violence. Les marins étaient tous couchés sur le ventre ; madame Beaumont, évanouie à moitié, attendait la mort dans la chambre basse. Le jeune pilote et madame de Vély étaient seuls debout. « Que faites vous, madame ? lui dit le maître, ne restez pas ici ; vous tomberiez. »

Comme elle s’obstinait à ne pas quitter le pont, comme elle chancelait et risquait d’être emportée, le jeune homme lui tendit le bras, et elle se réfugia contre sa poitrine. Lui, la tenait embrassée ; elle, serrait sa fille sur son sein ; lui, les pressait toutes deux avec transport… et, cependant, sa main droite gouvernait le bâtiment, comme l’eût fait le premier pilote de la marine royale d’Angleterre. Son bonnet phrygien avait été emporté ; sa chevelure noire flottait et se mêlait aux cheveux blonds et soyeux de Valérie. « Oh ! n’ayez pas peur, lui disait-il, je suis là. »