Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
366
— LE LIVRE DES FEMMES. —

au milieu d’une conversation de bal fort insignifiante, qu’il brûlait de me parler de vous. Enfin il n’y put résister et me demanda de vos nouvelles. — « Elle est remariée depuis six ans. — Et vient-elle à Paris ? — Jamais, répondis-je ; elle emploie sa fortune à faire du bien ; enfin elle est résignée, elle est calme. » Il soupira, et pendant que je lui parlais, je lui vis rouler autour de son doigt une pierre assez curieuse que je vous avais rapportée d’Italie et que vous lui aviez donnée, ingrate. Ce souvenir de sa part m’émut un peu, et je lui demandai si je devais vous dire qu’il était heureux. — Non, dit-il, non, vous la tromperiez. Mon bonheur a cessé du jour où je l’ai trahie, où j’ai eu une pensée à lui cacher ; et elle a bien fait de m’abandonner, car je n’étais pas digne d’elle. » Il disparut.

— « Cela dut vous toucher, dit une de ces dames avec émotion, et après avoir