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— LE LIVRE DES FEMMES. —

contre toute rechute ; j’eus même la folie, avec cette imprévoyance de femme qui juge éternel le mouvement passager qui l’anime, j’eus la folie de croire que je n’avais plus de rechute a craindre, et peut-être n’aurais-je pas fui M. de Seignelay, sans la répugnance invincible que je ressentais à lui avouer le motif de ma conduite.

En sortant du cimetière je partis pour la petite terre où, peu de temps auparavant, j’avais passé quelques jours ; je venais y chercher la réflexion, le calme ; j’y avais déjà souffert et j’y revenais souffrir encore. Cependant je ne puis cacher qu’une espérance que je n’osais m’avouer, m’agitait aussi et m’empêchait de trouver la résignation qui naît d’une situation arrêtée, d’un malheur sans remède : il était impossible que mon existence, liée à celle d’Arthur par les sermens du passé, par les projets de l’avenir, se déliât ainsi par une simple absence. Nous devions