Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/263

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
257
— LE DERNIER RÊVE. —

Je ne dirai pas combien d’angoisses, combien de larmes à ses pieds, de cris en son absence, et presque de blasphèmes. J’osai l’accuser lui-même ; il me semblait non-seulement cause, mais coupable en partie de ce que je souffrais, et le trouver reprochable m’était un désespoir. Fallait-il perdre mon idéal de perfection ? Non, plutôt me condamner moi-même et m’instruire à souffrir.

Ainsi, tout m’est souffrance, et sa réserve et son effusion ; et tandis que je ne puis plus me supporter hors de lui, sa présence m’irrite ; l’appui de son cœur est à ma tête une couronne d’épines. Dieu m’est témoin que je n’ai pas pris cette place de moi-même, que j’ai voulu m’en retirer, et que si je m’y abandonne enfin, c’est dans l’idée que cela lui est doux en passant, et que pour moi peu importe ! Du moins si je pouvais me plaindre, dire ma pensée ; mais non, quelque chose de