Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
— UN MARIAGE. —

aux autres. N’est-ce pas mettre l’enfer et le paradis sur la terre ? Ah ! j’espère bien que l’autre monde est le royaume des pauvres, comme dit l’Évangile ; alors ceux qui passent ici dédaigneusement devant les misérables, les imploreront inutilement à leur tour dans le ciel.

— Les heureux n’ont pas de pitié. Vois comme elle est parée ! Je voudrais, en échange des peines que je dois éprouver sur cette terre, qu’elle me demandât un jour une goutte d’eau, comme Lazare à Abraham.

— Et nous la lui refuserions, » dit avec une inexprimable haine la mendiante.

Depuis quelques instans la jeune femme écoutait.

« Tenez, tenez, leur dit-elle, répandant de l’or entre leurs mains, que l’aumône calme vos douleurs. » Et dans sa pensée elle ajouta : « Mes douleurs à moi n’ont pas de consolation ; elles doivent rester