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d’art soit bonne, il faut la traiter comme Dieu a traité ses arbres : les racines dans la terre et la cime dans le ciel.

Trop de terre, on devient banal, trop de ciel, le regard humain se brouille. Claretie a parfaitement profité du conseil. Parisien de goût, attiré par toutes choses, — par trop de choses, peut-être, — il veut désormais se mettre tout entier dans ses romans. Il a fait de l’histoire, de la causerie, des conférences, il s’est prodigué, sans s’être cependant dépensé : il nous annonce maintenant qu’en dehors de ses romans et du théâtre il n’écrira plus que ses causeries sur la Vie à Paris, dont le succès en volume égale celui qu’elles rencontrent dans le journal. La troisième année en a paru naguère, et on recherchera un jour ces notes parisiennes comme nous consultons les lettres de Grimm.

Ainsi Claretie se veut concentrer, comme on dit. Nous l’en félicitons. Depuis qu’on l’appelle « l’auteur de Monsieur le Ministre », depuis que le théâtre a consacré la valeur de son roman, on ne lui conteste plus ce que d’aucuns lui refusaient jadis : cette concentration même, la pensée, le soin, la force. Il doit considérer son talent comme arrivé à son apogée ; ce n’est plus