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a voulu mener une campagne qui frappât ceux qui la suivaient, et, lentement, progressivement, il a formé une armée vaillante et laborieuse qui se tient, — et à laquelle il tient.

Il a pour lui ce bonheur qu’il se sait séduisant. Quelquefois, il est rude, ou emporté, ou ironique ; subitement, la rudesse, l’emportement, l’ironie s’effacent. Après tout, l’idéal n’est-il pas le même ? Et les mêmes idéals entrevus, n’est-ce pas les mêmes amitiés partagées ?

Rochefort est un père de famille qui aime sa famille, et il est aussi le camarade arrivé qui aime ses camarades. À l’Intransigeant, c’est ainsi qu’on le considère ; cet ogre est aimable, et, très souvent, le soir, il nous ravit par les saillies que lui inspire la dernière « première », ou par les souvenirs qu’il évoque si joliment, ou par les vers de Victor Hugo, qu’il possède par cœur et qu’il dit à merveille.

L’Intransigeant a cette chance de n’être ni doctrinaire, ni gourmé, ni pesant ; sans cela, Rochefort aurait, depuis longtemps, réclamé sa liberté.

Il faut résumer ce court portrait. J’ai dû, en