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bureau, Gabriel Guillemot, je crois, en fut chargé. Il fut remarqué tout de suite. Le premier coup d’aile l’emporta. Et le Figaro d’alors, à l’affût de talents et comptant d’ailleurs sur cette vérité qu’un bon ténor égale une bonne recette, lui offrit ses colonnes. C’est de là que partirent les premiers coups à l’adresse du monstre impérial.

L’enquête des curieux et de la police réunis n’apprit rien de plus, si ce n’est que Rochefort à ses succès de polémiste joignait les succès du théâtre, et que, derrière la plume qui fouaillait les mœurs, il y avait toute prête une épée qu’il maniait crânement.

Ce terrible homme avait tout pour séduire en notre pays : il savait rire, il savait se battre, il savait se dévouer, il savait haïr. Et ce qui nous enthousiasmait, à cette époque où nous étions tout jeunes, c’est que nous partagions sa haine du bonapartisme, son dévouement à l’idéale république, et que ce dévouement et cette haine étaient, chez lui, servis par une gaieté chevaleresque. Une plume démouchetée, quelle belle arme !

Il passa au Soleil, que créa le vieux Millaud. Il continua à sabrer — littérairement —