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geante, nulle attaque ne lui fut épargnée, ni aucune calomnie dans l’arrondissement d’Apt. Six semaines de brigue, c’est long. Il revit trois fois chaque commune, et des jours advinrent où il ne mangea point. Vainqueur en Vaucluse, vaincu à Marseille, Naquet avait pris dans la lutte, ou la lutte lui avait donné une attitude passablement radicale. C’était en ces temps candides un bien gros mot que celui-là : radical. Les feuillants l’acceptaient volontiers comme un synonyme de démagogue, et Naquet apparut aux parlementaires de 1876 comme une sorte d’Hébert doublé d’une manière de Babeuf. Cependant le besoin d’une extrême gauche se faisait, paraît-il, déjà sentir. Nous étonnerons peut-être la présente Montagne en lui rappelant que son aînée hésita quelque peu à se former, par peur de Naquet. Elle se forma enfin, et lui concéda une butte sur ses sommets. Chez lui le savant dominait encore. Jugeant avec tant d’autres la bataille gagnée, il crut en bonne statique à la nécessité immédiate d’un groupe propulseur, en avant de Gambetta. Auteur de tant d’expériences heureuses, il en voulut tenter une nouvelle, dans le domaine politique. Et il commença une campagne retentissante,