Page:Collectif - Célébrités contemporaines, Vol 2, 1883.djvu/209

Cette page n’est pas destinée à être corrigée.

mées qui vous invite à vous couronner de roses en attendant qu’elles soient flétries[1], tandis que le séminariste d’Issy voyait seulement, dans sa candeur, la Science lui sourire, — maîtresse aussi perfide peut-être, aussi coquette, aussi torturante que les autres ! — Un M. Pinault, qui était un des professeurs du séminaire, trouva un jour l’élève assis sur un des bancs du parc et lisant le traité de Clarke sur l’existence de Dieu. Certes, la distraction était innocente, mais les grands connaisseurs des choses de l’âme savent trop bien quelles formes subtiles le démon peut revêtir pour attirer ses victimes loin de la droite règle et de l’action stricte ; et, à voir le jeune homme enveloppé dans sa houppelande qui absorbait son opium métaphysique avec une infinie jubilation, le vieux prêtre s’écria : « Oh le cher petit trésor ! mon Dieu ! Qu’il est donc joli, là, si bien empaqueté ! Oh ! ne le dérangez pas. Voilà comme il sera toujours !… Il étudiera, étudiera sans cesse, mais quand le soin des pau-

  1. C’est le passionné discours des impies dans l’écriture : « Coronemus nos rosis, donec immarcescant et nullum pratum sit quod non pertransiverit luxuria nostra. » (Sap. II, 8.)