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ment le lamento du vieux musicien voyant mourir sa fille ; il avait signé le Parc, Bellah, Onesta, une admirable nouvelle italienne, du Stendhal passionné et charmant, le Village, ce songe de bonheur intime et tous ces Proverbes où, selon le mot de Sainte-Beuve lui-même, il n’imitait point Musset, il le contredisait et lui répliquait. Le critique des Lundis conseillait à M. Feuillet de « plonger dans ce vaste océan qu’on appelle la nature humaine ». Feuillet y plongea et il en rapporta une perle après un trésor, Julia de Trécœur après Monsieur de Camors.

Si j’avais la prétention d’enfermer en un volume un talent aussi rare, aussi divers, aussi sensitif et aussi profond que celui de M. Feuillet, je dirais que, de toutes ses œuvres, celle qui donna, plus que toutes les autres, la caractéristique de la nature même de son auteur, c’est Julia de Trécœur. Cette nouvelle, ce roman, concentré comme certaines essences dont une goutte vaut une fortune, est à mon sens, avec Dalila et Monsieur de Camors, avec Montjoie aussi et certaines scènes de Julie, ce qu’a signé de plus complet cette élégante plume de gentilhomme. Sainte-Beuve, le difficile, n’eût plus