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petite maison de Saint-Lô. Au temps de ses plus grands succès, il a passé des hivers entiers, enterré là, presque ignoré. Pour les gens de là-bas, bien longtemps il a été le fils de M. Feuillet, le fi, comme ils disent. » Son père était un personnage local, ancien secrétaire général de la préfecture. Très distingué, d’ailleurs. Il avait été quelque chose ; Octave Feuillet n’était que quelqu’un. En province c’est beaucoup moins. On le mettait, dans les dîners de cérémonie, au bout de la table. Cependant, tout d’un coup, il devint quelque chose. Il venait d’être élu membre de l’Académie française ! Il ne fit qu’un bond de l’extrémité de la table à la droite de la maîtresse de la maison. Sainte-Beuve raconte à un ami, dans une de ses lettres, qu’on ne s’aperçut de sa valeur mortelle, à lui, Sainte-Beuve, que lorsqu’il fut sacré immortel.

Parfois, au fond de sa province, une certaine tristesse s’emparait de l’auteur de Dalila, le désir de Paris, le désir de voir, de sentir ses succès. Mais son père était fort malade. Octave Feuillet restait. Il ne faisait que de courts voyages à Paris, passant brusquement du silence de sa petite ville de province au grand tapage de