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ciselée par un maître lorsque je pense à la plume qui a écrit Monsieur de Camors et Julia de Trêcœur, deux des œuvres les plus hardies de ce temps.

Et, avant tout, entendons-nous sur ce mot : la hardiesse. Un homme est brave, généreux, ardent, dédaigneux du danger, aimable et souriant dans le péril ; il se jette au feu le front haut ; voilà un compagnon hardi ; et je le salue. Un lourdaud parle haut, crie à tue-tête, rudoie et bouscule les gens, écrase les pieds ; sa hardiesse prend un autre nom et je sais bien comment je l’appelle. M. Octave Feuillet est hardi comme un cavalier du bon temps et ses hardiesses sont séduisantes comme toutes les audaces des délicats. On peut avec lui aller partout sans crainte de s’égarer jamais et, si l’on traverse parfois quelque boudoir où la tête défaille dans une atmosphère de parfums, on est bien certain qu’on se retrouvera tout à l’heure, la porte ouverte, dans un salon de bon esprit et de belle compagnie.

Et quand je pense que ce mondain, je veux dire ce conteur pour qui le monde se passionne, a longtemps savouré, comme un raffiné d’intimité, sa gloire du fond de sa province même,