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telle menace, on l’exécute. Mais il est si bas, si envoûté, si gourd devant elle…

— Je vous tuerai, murmure-t-il plus mollement. Et je me tuerai après.

Le visage de Minne s’illumine d’une férocité allègre, d’une meurtrière activité :

— Tout de suite ! Tout de suite ! Tuez-vous ! Avant moi ! Moi, ce n’est pas pressé. Mais vous, oui ! Disparaissez de moi, allez-vous-en, mourez ! Comment n’y avez-vous pas pensé plus tôt ?

Il la regarde, béant. Elle le précipite vers la mort, telle une amante presse son amant vers la gloire, comme vers le seul but ingénieux qu’il puisse donner à sa vie brève… à sa stérile tendresse…

— La mort… Vous me la souhaitez vraiment ? Vraiment ? demande-t-il singulièrement radouci.

— Oui ! s’écrie Minne de tout son cœur. Vous m’aimez, je ne vous aime pas, est-ce que tout n’est pas dit pour vous ? Est-ce que ce