Je viens d’arriver. J’ai déployé tour à tour, pour me pousser au premier rang, la brutalité d’une acheteuse de grands magasins aux jours de solde et la gentillesse flagorneuse des créatures faibles : « Monsieur, laissez-moi passer… Oh ! monsieur, on m’étouffe… Monsieur, vous qui avez la chance d’être si grand… » On m’a laissée parvenir au premier rang parce qu’il n’y a presque pas de femmes dans cette foule. Je touche les épaules bleues d’un agent — un des piliers du barrage — et je prétends encore aller plus loin : « Monsieur l’agent… »
— On ne passe pas !
— Mais ceux-là qui courent, tenez, vous les laissez bien passer !
— Ceux-là, c’est ces messieurs de la presse. Et puis c’est des hommes. Même si vous seriez de la presse, tout ce qui porte une jupe doit rester ici tranquille.