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voir qu’il a la barbe dure et le nez mou. Il parle ; que dis-je ? il s’élève au ton de la plus prophétique lamentation, et ensevelit nos ruines sous sa voix, grande et tumultueuse comme la mer : « Entendez-moi, entendez-moi tous ! J’ai gravi la montagne pour que vous m’entendiez ! Je dirai la vérité, dût-il m’en coûter la vie ! Je lacère mon vêtement, je m’arrache les poils du visage, je larmoie, je vocifère, j’offre mon front aux balles et ma poitrine au couteau, pour venir ici attester, ô hommes, que… le baromètre baisse et que le printemps s’annonce mouillé ! »