Page:Colette - Dans la foule, 1918.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LE CIMETIÈRE MONTMARTRE

6 Novembre 1913.

C’est un lieu sans mystère, non sans surprises. La foule, les fleurs, les enfants las qu’on traîne, — il y règne une animation dominicale peu recueillie. Tous ces gens-là ont l’air d’être venus ici d’un cœur froid, comme moi-même, qui n’y « connais » personne. Nulle majesté funèbre ne tombe du pont Caulaincourt, qui trépide au passage des camions et des autobus. C’est seulement un jardin un peu étrange, une cité naine — maisonnettes, chapelles-cabines et mausolées-cabanes — tout cela de pierre massive, de fer, de