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ment, pour me tuyauter, au petit fer, sur les événements échus à Bayreuth, ville et théâtre, depuis que je quittai ce séjour enfumé : j’ai promis pour la fin du mois à une feuille, dont le caissier possède mon estime, le Journal d’un pèlerin à Wagnéropolis — titre assuré contre l’incendie — cependant que d’autres canards, dont je ne méprise point les pépettes, réclament mes avis éclairés sur les représentations de Béziers. Or, faute d’un service de tramways reliant les Folies-Cosima et les Arènes, il m’est difficile de faire la navette, dans la même journée, entre la boîte à musique bavaroise et le cirque languedocien, ainsi que j’ai coutume, chaque dimanche, à Paris, entre le Châtelet où Colonne révèle la Damnation de Faust et le Nouveau-Théâtre où les concertos de Beethoven sont sifflés comme insuffisamment musicaux par un quarteron de va-de-la-gueule haut perchés.

Doncques, il urge que vous me fournissiez, les aminches, de quoi satisfaire les fervents du Ring ; vous me direz si c’est toujours le même cochon qui, sous le pseudonyme de Siegmund, râle le Ein Schwert verhiess mir…, répondant au So grüss ich die Burg… du noble borgne ; vous m’apprendrez si ce jeanfoutre de Siegfried Wagner se décide à faire partir les trombones qui doivent mugir la