Page:Colette - Claudine s’en va, 1903.djvu/268

Cette page a été validée par deux contributeurs.

homme blanc » (elle aussi !) « Cher ami… », « Monsieur », « Méchant gosse… », « Sale lâcheur… », « Ma cafetière en cuivre rouge… » Les appellations varient, certes, plus que le fond des lettres. L’idylle est complète, pourtant. On peut chronologiquement la suivre, depuis le petit bleu : « J’ai fait une gaffe en me donnant si vite… » jusqu’au « Je ferai tout pour te ravoir, j’irai plutôt te chercher chez ta petite oie noire… »

En marge ou au verso de toutes les lettres, la raide écriture d’Alain a noté : « Reçu le… Répondu le… par télégramme fermé. » Je l’aurais reconnu à ce trait. Ah ! elle peut bien l’appeler rouquin d’amour, ou mimi blanc, ou théière… cafetière, je ne sais plus… c’est toujours le même homme !

Qu’est-ce qu’il faut faire de tout cela, à présent ? Envoyer le paquet de lettres sous pli cacheté, à l’adresse d’Alain écrite de ma main ? On procède ainsi dans les romans. Mais il croirait que je l’aime encore, que je suis