chaud. Alain eut tôt fait de rabattre mon beau zèle : « Laissez, laissez, Annie, c’est fait, je m’en suis occupé… » « Mais non. Annie, vous ne savez pas, vous n’avez aucune idée… ! »
Je ne sais rien, — qu’obéir. Il m’a appris cela, et je m’en acquitte comme de la seule tâche de mon existence, avec assiduité, avec joie. Mon cou flexible, mes bras pendants, ma taille un peu trop mince et qui plie, jusqu’à mes paupières qui tombent facilement et disent « oui », jusqu’à mon teint de petite esclave,… me prédestinaient à obéir. Alain me nomme souvent ainsi « petite esclave », il dit cela sans méchanceté, bien sûr, avec seulement un léger mépris pour ma race brune. Il est si blanc !
Oui, cher « Emploi du temps », qui me guidez encore en son absence et jusqu’à sa première lettre, oui, je donnerai congé à l’ « Urbaine », je surveillerai Jules, je vérifierai les livres des domestiques (hélas !) je ferai mes visites et je verrai souvent Marthe.