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XXI

Le premier acte de Parsifal, qui vient de finir, nous rend au grand jour désenchantant. Pendant les trois journées qui ont suivi Rheingold, ces longs entr’actes, qui font la joie de Marthe et Léon, ont toujours coupé, de la manière la plus inopportune et la plus choquante, mon illusion ou mon ivresse. Quitter Brünnhilde abandonnée et menaçante, pour retrouver ma belle-sœur fanfreluchée, la tatillonnerie de Léon, la soif inextinguible de Maugis, la nuque décolorée de Valentine Chessenet, et les « Ach ! » et les « Colossal ! » et les « Sublime ! » et le lot d’exclamations polyglottes prodiguées par tant de fanatiques sans discrétion, non, non !

— Je voudrais un théâtre pour moi toute seule, avoué-je à Maugis.

— Voui, répond-il, quittant une minute la