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fauteuils, — duperie des glaces d’où te guette un fantôme de bull, poilu de noir, qui te ressemble comme un frère, — piège du rocking-chair, qui se dérobe sous les pattes… Tu ne t’obstines pas à pénétrer l’inconnaissable, toi. Tu soupires, ou tu rages, ou bien tu souris d’un air embarrassé, et tu reprends ta pomme verte mâchouillée.

Moi aussi, il n’y a pas deux mois, je disais : « C’est ainsi. Mon maître sait ce qu’il faut. » À présent, je me tourmente et je me fuis. Je me fuis ! Entends ce mot comme il faut l’entendre, petit chien, plein d’une foi que j’ai perdue. Il vaut mieux, cent fois mieux, radoter sur ce cahier et écouter Calliope et Claudine, que m’attarder seule, dangereusement, avec moi-même…

Nous ne parlons plus que de ce voyage. Calliope m’en rebat les oreilles, et se désole de notre départ, à grand renfort de « Dié tout puissant ! » et de « poulaki mou ».

Claudine considère toute cette agitation