Page:Colette - Claudine s’en va, 1903.djvu/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.

où l’humanité plus petite et plus serrée se montre toute proche et caricaturale… J’ai usé l’amusement de voir remuer tous ces gens-là. Il défile, à la laiterie matinale, trop de laideurs replâtrées chez les femmes, de convoitises bestiales chez les hommes, — ou bien de fatigue, car il y paraît de sinistres figures de baccara, tirées et vertes, avec des yeux injectés. Ces figures-là appartiennent à des corps gourds d’hommes assis toute la nuit sur une chaise, et l’arthritisme n’ankylose pas seul tant de « charnières », comme dit Marthe.

Je n’ai plus envie d’entrer dans la salle de gargarisme, ni d’assister à la douche de Marthe, ni de potiner dans le hall, ni de m’épanouir aux Noces de Jeannette avec Claudine, cette effrontée, folle de Debussy, ayant imaginé par sadisme d’aller applaudir frénétiquement les opéras-comiques les plus poussiéreux. Que les mêmes heures ramènent les mêmes plaisirs, les mêmes soins, rassemblent les mêmes visages, voilà ce que je ne puis