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de tante Cœur, bâille comme un lion en cage.

— Grand’mère, s’écrie Marcel, Claudine est impayable ! Elle préfère votre chambre au reste de l’appartement.

— Petite fille, dit ma tante en me caressant de son sourire languide, ma chambre est fort laide, pourtant…

— … Mais elle vous va bien, tante. Pensez-vous que vos bandeaux « cordent » avec ce salon ? Dieu merci, vous le savez bien, puisque vous avez conservé un coin de votre vrai cadre !

Ce n’est peut-être pas un compliment, ça, mais elle se lève et vient m’embrasser très gentiment. Tout à coup, papa bondit et tire sa montre :

— Mille troupeaux de… ! Pardon, Wilhelmine, mais il est dix heures moins cinq, et cette petite sort pour la première fois depuis sa maladie… Jeune homme, va nous commander une carriole !

Marcel sort, revient rapidement — avec cette prestesse souple à se retourner dans une embrasure de porte — et m’apporte ma cape