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moi, je serai, comme maintenant, toute seule.

Honte sur toi, Claudine ! Est-ce que ça va finir, cette obsession, cette angoisse de la solitude ?

Toute seule, toute seule ! Claire se marie, je reste toute seule. Marcel se promène en tendre compagnie, je reste toute seule. Mon Oncle court, je reste toute seule.

Eh ! ma chère, c’est toi qui l’as voulu. Reste donc seule — avec tout ton honneur.

Oui. Mais je suis une pauvre petite fille triste, qui se réfugie le soir au poil doux de Fanchette pour y cacher sa bouche chaude et ses yeux cernés. Je vous jure, je vous jure, ce n’est pas, ce ne peut pas être là l’énervement banal d’une qui a besoin d’un mari. J’ai besoin de bien plus que d’un mari, moi…