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Je ferai tout ce que tu voudras. Et puis, do’-moi ton oreille… je sais tant de choses, à présent…

— Ah, non !

La frôleuse parle encore, que je l’ai poussée par les épaules, si brutalement qu’elle s’en va trébucher contre la belle armoire à trois portes et s’y cogne la tête. Elle se frotte le crâne et me regarde, pour savoir s’il faut pleurer. Alors, je me rapproche et je lui allonge une calotte. Elle devient toute rouge et fond en larmes.

— Heullà-t’y-possible ! Qu’est-ce que je t’ai fait ?

— Dis donc, est-ce que tu crois que je m’arrange des restes d’un vieux !

Je coiffe mon canotier d’une main nerveuse (je me pique très fort la tête avec mon épingle) ; je jette ma jaquette sur mon bras et je cherche la porte. Avant que Luce sache ce qui lui arrive, je suis déjà dans l’antichambre, où je tâtonne pour trouver la sortie. Luce, éperdue, se jette sur moi.

— Tu es folle, Claudine !

— Pas du tout, ma chère. Je suis trop vieux