— Je suis sortie de la gare, j’ai marché. J’ai demandé où était la Madeleine.
— Pourquoi ?
— Tu vas voir. Parce que mon oncle — s’est lui, sur le portrait — demeure rue Tronchet, près de la Madeleine.
— Le frère de ta mère ?
— Non, son beau-frère. Il a épousé une femme riche, qui est morte ; il a refait encore « mas » de sous, et, comme de juste, il n’a plus voulu entendre parler de nous qui étions des crève-la-faim. C’est naturel. Je savais son adresse parce que maman, qui guigne l’argent, nous forçait à lui écrire, tous les cinq, au jour de l’an, sur du papier à fleurs. Jamais il ne répondait. Alors j’ai seulement été chez lui pour savoir où coucher.
— « Où coucher » ! Luce, je te vénère… tu es cent fois plus maligne que ta sœur, et que moi aussi.
— Oh ! maligne ?… ce n’est pas le mot. Je tombe là dedans. Je mourais de faim. J’avais le vieux petit corsage d’Aimée et mon chapeau d’uniforme. Et je trouve un appartement encore plus beau qu’ici, et un domestique homme qui