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— Si, évidemment ; Anaïs et Luce m’ont toujours eu l’air assez propres ; mais les autres, je les connaissais moins, et, dame, les cheveux bien lissés, les bas tirés et les chemisettes blanches, ça ne veut quelquefois rien dire, vous savez !

— Dieu, si je le sais ! Je ne peux malheureusement pas vous dire à quel point je le sais.

— Les autres élèves n’avaient pas, pour la plupart, les mêmes idées que moi sur ce qui est sale et propre. Tenez, Célénie Nauphely, par exemple…

— Ah ! ah ! voyons ce que faisait Célénie Nauphely !

— Eh bien, Célénie Nauphely, elle se levait debout, — une grande fille de quatorze ans — à trois heures et demie, une demi-heure avant la sortie, et elle disait à voix haute, d’un air pénétré et important : « Mademoiselle, si vous plaît que je m’en âlle, il faut que j’âlle téter ma sœur. »

— Miséricorde ! téter sa sœur ?

— Oui, figurez-vous que sa sœur mariée, qui sevrait un enfant, avait trop de lait, et que ses seins lui faisaient mal. Alors, deux fois par